Apprendre les langues arabe et française
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Cartes One Piece FR : où trouver la display One Piece Card OP-09 en ...
Voir le deal

Analyse du vocabulaire : Matthieu 4.1

Aller en bas

 Analyse du vocabulaire : Matthieu 4.1 Empty Analyse du vocabulaire : Matthieu 4.1

Message par منصور Jeu 26 Déc - 2:34

السلام عليكم ورحمة الله وبركاته


Le vocabulaire syriaque, langue héritière directe de l'araméen parlée du temps de Jésus le Messie, révèle des informations qui n'apparaissent ni dans les traductions en grec, ni en latin, ni autres traductions. Ce qui pose l'hypothèse que l'évangile de Matthieu reflète une tradition différente, et une transmission venant directement des apôtres, qui parlaient araméen ainsi que leurs premiers fidèles.
Aucun vrai apôtre de Jésus n'avait reçu d'instructions en grec, langue de l'élite locale et de l'occupant romain. Le grec était en ce temps là une langue internationale, comme l'est aujourd'hui l'anglais.
L'évangile de Jésus, ses prêches, était donc initialement transmis en araméen pour des araméens. C'est alors que la religion de Paul de Tarse apparait vers le début du second siècle, et toute la tradition des premiers fidèles de Jésus a été traduite en grec, et diffusée dans tout l'empire romain peu à peu.
L'évangile de Matthieu, Marc et Luc ont une évidente source commune, appelée Source Q, celle qui circulait dans la langue locale, l'araméen. Le premier évangile attesté en grec, par un locuteur grec, est l'évangile de Luc.
Le 1er foyer chrétien le plus important était à Damas, lieu des plus anciennes églises chrétiennes, et foyer de l'évangile syriaque, directement lié à l'araméen, langue dans laquelle prêchait Jésus fils de Maryam.

Quelles informations apportent le vocabulaire de ce verset :


Matthieu 4.1
ܗܝܕܝܢ ܝܫܘܥ ܐܬܕܒܪ ܡܢ ܪܘܚܐ ܕܩܘܕܫܐ ܠܡܕܒܪܐ ܕܢܬܢܤܐ ܡܢ ܐܟܠܩܪܨܐ
Alors Jésus fut emmené par l'Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable.



ܗܝܕܝܢ
C'est une préposition qui est généralement traduite par puis, après, ensuite. Elle est composée de deux morphèmes :
- ܗܝ (HaY) ou هَي ;
- ܕܝܢ (DiYN) ou دِين.
Avec ܗܝ nous avons une notion pronominale, traduisible ici par Ceci, et joue un rôle vocatif.
Elle est suivie par une préposition ܕܝܢ dont le sens est très mal identifié par les linguistes et traducteurs du syriaque, et qui signifie généralement mais, et, maintenant, toutefois.
Etymologiquement, ܕܝܢ (DiYN) ou دِين traite de voie, de conduite, ce qui suit une direction, en hébreu et arabe il est utilisé dans le sens d'une dette, ce qui est projeté dans l'avenir, et voilà le lien avec le sens de ܗܝܕܝܢ, ce qui prend un chemin.

ܝܫܘܥ
C'est le nom du prophète et messie. Le sens de ce nom a été interprété par Sauveur, alors qu'il signifie Signe de L'Heure, la résurrection et jugement dernier. Voir le sujet ici.

ܐܬܕܒܪ
(atdabr) verbe au passé sous le schème ATFA'L, en arabe اتفعَل la forme passive et réflexive, c'est à dire que quelque chose ou quelqu'un a causé que l'action du verbe soit rapporté sur l'agent du verbe, ici Jésus. La racine est ܕܒܪ (DBR) soit en hébreu דבר et arabe دبر, et l'étymon BR à lui seul en donne le sens : traverser, passer, aller et venir. Le D préfixé est l'archétype du prolongement, comme pour le terme ܕܝܢ (DiYN) vu ci-haut. Cet archétype sert à indiquer une direction ici, un déplacement prolongé, étendu pour ܕܒܪ.

ܡܢ ܪܘܚܐ ܕܩܘܕܫܐ
- Ce syntagme nous dit qui est la cause de l'action du verbe, par la préposition ܡܢ (min) en arabe مِن qui indique une provenance, traduit généralement par de.
ܪܘܚܐ ܕܩܘܕܫܐ là se trouve la plus grande méprise du christianisme ; il n'est pas dit "l'Esprit Saint" ni "Saint Esprit" mais l'Esprit du Saint, c'est à dire qu'il s'agit de deux choses distinctes, le ܪܘܚܐ de racine ܪܘܚ en arabe روح avec le déterminant suffixé ܐ, L'Esprit, qui est un vecteur, un véhicule ;
ܕܩܘܕܫܐ avec préfixé la particule ܕ (d) qui comme en français, indique une appartenance, elle indique le propriétaire, sens de l'archétype D vu plus haut ; ܩܘܕܫܐ de racine ܩܕܫ (QDS ou Sh) sous la forme ܩܘܕܫ en arabe قَدَّوس avec le déterminant suffixé ܐ. Et c'est là une des preuves que l'évangile syriaque, la Peshitta n'est pas issue d'une traduction d'un évangile grec comme le prétendent de nombreux linguistes ou le lien wikipédia. L'Esprit n'est pas le Saint, le Saint est un des noms de Dieu, et l'Esprit est simplement un véhicule (voir genèse 1.2), l'Esprit n'est pas Le Saint qui lui est un des noms de Dieu.

ܠܡܕܒܪܐ ܕܢܬܢܤܐ ܡܢ ܐܟܠܩܪܨܐ
- Particule ܠ (L) en arabe ل, même sens et même graphème, traduit généralement par pour. Cette particule est l'archétype de la dédication, et ici elle indique un but, une destination, et elle introduit ici une proposition subjonctive ;
- ܡܕܒܪܐ nous retrouvons le déterminant suffixé ܐ au nom ܡܕܒܪܐ (madbar) avec préfixé le ܡ (ma) pour indiquer un lieu, et sa racine ܕܒܪ que nous avons déjà vu plus haut. Ici, il est question d'un lieu qui est traversé, qui n'est pas un lieu de résidence, un désert, comme en hébreu מִדבָּר ;
- ܕܢܬܢܤܐ avec la particule ܕ (d) vu plus haut et vient la forme verbale ܢܬܢܣܐ (natnasa) sous la forme passive et réflexive au présent, un subjonctif présent en français, sous le schème ATFA'L, et son agent 3ème personne du singulier masculin, lui, Jésus. La racine est ܢܣܐ (NSA) en hébreu נשא traite de désir et נָשָׁא signifie décevoir, tromper, et en arabe نسى se traduit par oublier. Le lien sémantique entre ces 3 langues est simple à faire entre syriaque et hébreu, et en arabe nous avons l'absence de vigilance, la distraction, l'oubli ;
- ܡܢ ܐܟܠܩܪܨܐ ce syntagme nous dit qui est la cause de l'action du verbe, par la préposition ܡܢ qui est ܐܟܠܩܪܨܐ terme composé de deux mots : ܐܟܠ (AKaL) en arabe أَكَل signifiant tout deux mâcher, mettre en pièces c'est donc l'acte de manger avec pour étymologie le fait de pincer (avec les deux mâchoires de la bouche) et le terme ܩܪܨܐ (Qarsa) avec le déterminant suffixé ܐ  et en arabe قرص qui signifie calomnier ou accuser en syriaque et en arabe pincer dans le but de faire souffrir, ou morsure de serpent, mais aussi calomnier, parler en mal de quelqu'un.
ܐܟܠܩܪܨܐ est une étrange association puisque les deux termes expriment le pincement : le premier évoque la collection de quelque chose, entre les mâchoires, et le second la volonté de nuire. Le terme syriaque est parfois traduit par l'inquisiteur, l'accusateur.

Le coeur du verset se trouve dans le verbe ܢܣܐ en hébreu נָשָׁא et en arabe نسى voilà à quoi a été soumis Jésus : qu'est-ce que la tentation ? N'est-ce pas le fait d'oublier quelque chose ? Qu'est-ce qu'être distrait ? Face à cette épreuve imposée par Dieu à son serviteur, Jésus est resté en conscience et n'a pas perdu les commandements, il ne s'est pas laissé distraire, et c'est ce que disent les versets suivants de cet évangile Matthieu 4. Et le désert, c'est également un lieu où il n'y a rien, tout y est absent, on ne fait qu'y passer.

______________________________________________________




Le clavier arabe sur son ordinateur, cliquer ici.
منصور
منصور

Messages : 3048
Points : 3779
Date d'inscription : 26/09/2013

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum