La phrase conditionnelle arabe en إِنْ

بسم الله الرحمن الرحيم
وَإِن كَانَ ذُو عُسْرَةٍ فَنَظِرَةٌ إِلَىٰ مَيْسَرَةٍ ۚ
À celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu'à ce qu'il soit dans l'aisance. ...

[2.280 سورة البقرة]

إِنْ et la construction au passé.

La structure de cette protase (سَرْط) et apodose (جَواب) :

مَيْسَرَةٍ	إِلَى	*	ـــنَظِرَةٌ	*	فَـــ	عُسْرَةٍ	ذُو	كَانَ	إِن	وَ
مُتَعَلِّقٌ		*				مُضَافٌ إِلَيْهِ	مُضَافٌ
		صِفَةٌ	مَوْصُوفٌ			إِضافَةٌ
		خَبَرٌ		مُبْتَدَأٌ			فاعِلٌ	فِعْلٌ
جُمْلَةٌ اِسْمِيَّةٌ						جُمْلَةٌ فِعْليَّةٌ
جَوابُ الشَّرْطِ					رابِطَةٌ	الشَّرْطُ			شَرْطِيَّة	عاطِفَةٌ
جُمْلَةٌ شَرْطيَّةٌ

La particule إِنْ est dite de l'apocope (جَزْم) et place un verbe au présent à l'apocope. Ici, كان est au passé et ne prend pas le mode de l'apocope. Le passé utilisé avec إِنْ marque une certitude, une confirmation. La phrase nominale كَانَ ذُو عُسْرَةٍ est toutefois considérée "en position de l'apocope" (مبني على الفتح في محل جزم فعل شرط).

La difficulté ici est l'omission du مُبْتَدأ dans la phrase nominale نَظِرَةٌ إِلَىٰ مَيْسَرَةٍ ; le خَبَر est نَظِرَةٌ. Le مُبْتَدأ omis et sous-entendu est الأمر ou encore الحكم.
إِلَىٰ مَيْسَرَةٍ vient se rattacher à un nom qualifiant (صِفَة) omis pour le خَبَر , ou encore, rattaché à la phrase nominale.

بِسْمِ اللّهِ الرَّحْمنِ الرَّحِيمِ

فَإِنْ أُحْصِرْتُمْ فَمَا اسْتَيْسَرَ مِنَ الْهَدْيِ
Si vous en êtes empêchés, alors faite un sacrifice qui vous soit facile.

[2.196 سورة البقرة]

الْهَدْيِ	مِنَ	*	اسْتَيْسَرَ	مَا	*	فَـــ	ـــتُمْ	أُحْصِرْــــ	إِنْ	فَـــ
مُتَعَلِّقٌ		*
		حَالٌ	فِعْلٌ وَضَمِيرٌ مُسْتَتِرٌ
		جُمْلَةٌ فِعْليَّةٌ
		صِفَةٌ		مَوْصُوفٌ
		مُبْتَدَأٌ مُؤَخَّرٌ			خَبَرٌمُقَدَّمٌ		فاعِلٌ	فِعْلٌ
جُمْلَةٌ اِسْمِيَّةٌ							جُمْلَةٌ فِعْليَّةٌ
جَوابُ الشَّرْطِ						رابِطَةٌ	الشَّرْطُ		شَرْطِيَّة	عاطِفَةٌ
جُمْلَةٌ شَرْطيَّةٌ

فَـــ
Connecteur logique de coordination (عَاطِفَة) dont sa valeur sémantique, nous dit Darwish, est éloquente (فَصِيحَة) -voir le début du verset-. Salih nous dit qu’elle sert de relance, à relever (اِسْتِئْناف).

إِنْ
Outil de la conditionnelle et de l’apocope (جزم). Il place l’action du verbe au présent à l’apocope, mais ici, le verbe suivant est au passé et sera considéré « en position de l’apocope » car il ne portera pas la terminaison propre au mode de l’apocope.

أُحْصِرْتُمْ
Le verbe أحْصِرَ au passé à la voix passive, et son agent suffixé تُ portant la terminaison du nominatif (رَفْع) suivi de la marque du pluriel masculin مْ. La فَتْحَة de la terminaison du verbe est omise pour connecter le verbe à son agent.

فَـــ
Connecteur logique d’assemblage (رابِطَة). Elle a comme rôle d’introduire la réplique (جَوَاب) à la condition (شَرْط).

*
Nous entrons dans une phrase nominale dont le خَبَر a été élidé et sous-entendu عَلَيْكُمْ (sur vous). De plus, il vient antéposé (مُقَدَّمٌ) au مُبْتَدَأ.

مَا اسْتَيْسَرَ
Voici le مُبْتَدَأ retardé (مُؤَخَّرٌ) qui commence par un pronom relatif (ما) qui est indéclinable et ne pouvant recevoir la marque du nominatif.
Vient la relative (ضِلَة), qui est phrase verbale ; le verbe est au passé, indéclinable, avec sa فَتْحَة. Le verbe est considéré en « position de l’apocope », même s’il n’en porte pas la marque.  Son agent est inséré (non visible, cas de la 3^ème pers. du masculin au passé) et il est sous-entendu, « il ».
La proposition relative est dite « sans marque de cas de déclinaison » (لا محل لها لأنها صلة).

*
Circonstancielle (حال) omise, pour le pronom relatif ما.

مِنَ الْهَدْيِ
Syntagme prépositionnel (الجاَرٌّ وَالمَجْرُورٌ) qui est rattaché (مُتَعَلَّقٌ) à la circonstancielle (حال) omise, et sous-entendu كائناً من الهدي.